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28 avril 2024

« Haïti : le mouvement BWA KALE, symptôme de la faiblesse de l’État face à l’insécurité »

"Haïti : le mouvement BWA KALE, symptôme de la faiblesse de l'État face à l'insécurité"

Par : Wilson Maître

Il est difficile de trouver les mots justes pour décrire la violence qui sévit en Haïti, où des groupes armés sèment la terreur dans les rues et où la population est souvent prise en otage par des gangs. Dans ce contexte, le mouvement BWA KALE a émergé comme une réponse à l’incapacité de l’État haïtien à garantir la sécurité de ses citoyens.

BWA KALE, qui signifie « boule bandi yo » en créole haïtien, est un mouvement de justice populaire qui a gagné en popularité ces derniers temps en Haïti. Le mouvement consiste en l’application d’une forme de justice expéditive à infliger aux membres présumés de gangs le supplice du collier en les brûlant vifs.

Bien que cette forme de justice soit largement condamnée par les organisations de défense des droits de l’homme, elle témoigne de la frustration et de l’impuissance ressenties par la population haïtienne face à la violence et à l’insécurité qui règnent dans le pays. Les gens qui pratiquent le BWA KALE affirment que c’est la faiblesse de l’État haïtien qui les a poussés à prendre les choses en main.

Il faut souligner que l’État haïtien a été incapable de résoudre les problèmes d’insécurité qui affligent le pays depuis des décennies. Les gouvernements successifs n’ont pas réussi à mettre en place des politiques efficaces pour lutter contre la violence et les gangs armés, qui contrôlent souvent de vastes territoires dans les quartiers les plus pauvres du pays.

Dans ce contexte, les citoyens haïtiens se sentent abandonnés par leur gouvernement et cherchent des moyens de se protéger eux-mêmes. Cependant, il est important de noter que cette forme de justice populaire peut facilement dégénérer en violences extrêmes et en atteintes aux droits de l’homme.

Il est donc crucial que les autorités haïtiennes prennent des mesures urgentes pour garantir la sécurité de la population et mettre fin à l’impunité qui permet aux gangs de prospérer. Cela passe par le renforcement des institutions judiciaires et policières, ainsi que par la mise en place de politiques sociales et économiques visant à réduire les inégalités et la pauvreté qui alimentent la violence.

Si le mouvement BWA KALE est le symptôme de l’échec de l’État haïtien à garantir la sécurité de ses citoyens. Il est important de comprendre les raisons qui ont poussé la population à se tourner vers cette forme de justice expéditive, tout en condamnant fermement toute forme de violence et d’atteinte aux droits de l’homme. Les autorités haïtiennes doivent prendre des mesures urgentes pour résoudre les problèmes d’insécurité et garantir la sécurité de la population.

Le mouvement BWA KALE est également le reflet de l’exaspération de la population face à l’impunité dont bénéficient les membres de gangs et les criminels en général. En Haïti, il est fréquent que les criminels soient arrêtés mais relâchés peu de temps après faute de preuves ou en raison de la corruption qui gangrène les institutions judiciaires.

Cela crée un sentiment d’injustice au sein de la population qui estime que les criminels ne sont pas punis à la hauteur de leurs actes. Le mouvement BWA KALE est donc une réaction à cette impunité, une tentative de la population de se faire justice elle-même face à l’incapacité de l’État à garantir la sécurité et la justice pour tous.

Cependant, il est important de souligner que la violence ne peut jamais être une solution durable aux problèmes d’insécurité et d’impunité. La justice populaire pourrait engendrer un cycle de violence et de vengeance qui pourrait conduire à des conséquences désastreuses pour la société haïtienne.

Il est donc urgent que l’État haïtien prenne des mesures concrètes pour lutter contre l’impunité et mettre fin aux violences qui sévissent dans le pays. Cela passe par le renforcement des institutions judiciaires, la formation et l’équipement adéquat des forces de police, la lutte contre la corruption, mais aussi par la mise en place de politiques sociales et économiques visant à réduire les inégalités et la pauvreté qui sont des facteurs de violence.

En fin de compte, le mouvement BWA KALE est le résultat de l’incapacité de l’État haïtien à garantir la sécurité et la justice pour tous. Il est temps que les autorités haïtiennes prennent leurs responsabilités et travaillent à mettre fin à l’impunité et à la violence qui ravagent le pays. La solution ne peut pas être la justice populaire, mais plutôt le renforcement de l’État de droit et la protection des droits de l’homme.

Il est également important de souligner que le mouvement BWA KALE ne représente pas l’ensemble de la population haïtienne. Bien que certains citoyens aient pu exprimer leur soutien à cette forme de justice populaire, il existe également de nombreux Haïtiens qui condamnent fermement cette pratique et qui appellent à une solution pacifique et légale aux problèmes d’insécurité.

En effet, la violence ne peut jamais être la réponse à la violence. Les actes de barbarie commis par la population dans le mouvement BWA KALE pourrait renforcer le cycle de la violence et de la peur, et risquent d’entraîner des représailles et des violences encore plus terribles.

Il est donc crucial que toutes les parties prenantes, y compris les autorités haïtiennes, la société civile et les organisations internationales, travaillent ensemble à trouver des solutions durables et pacifiques aux problèmes d’insécurité et de violence en Haïti.

En conclusion, le mouvement BWA KALE est une manifestation de la frustration et de l’impuissance ressenties par la population haïtienne face à l’insécurité et à l’impunité qui règnent dans le pays. Bien que compréhensible dans ce contexte, cette forme de justice populaire ne peut jamais être une solution durable aux problèmes d’insécurité et de violence. Il est temps que l’État haïtien prenne ses responsabilités et travaille à garantir la sécurité et la justice pour tous. Cela ne peut se faire que par le renforcement de l’État de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité, et la mise en place de politiques sociales et économiques visant à réduire les inégalités et la pauvreté qui sont des facteurs de violence.