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27 avril 2024

Procès contre les Petro-voleurs: le peuple haïtien en veut plus.

Voulant effectuer la radiographie des évènements se déroulant depuis des mois en Haïti, c’est se référer à un contexte situationnel où la réglementation sociale fait l’objet de vive critique par la population active.

Procès contre les Petro-voleurs: le peuple haïtien en veut plus.

Par Carlens NAPOLEON
Le Philanthrope
Lecture : 4 minutes

Paru le 19 Novembre 2018

Nous arrivons, assurément, à un carrefour très décisif dans notre histoire de peuple. Ce faisant, les dirigeants politiques, quelle que soit leur tendance politique, ne peuvent pas se permettre à poser n’importe quelle action dans l’espace politique et à obstruer la real politique au détriment du bien-être collectif. A présent, le peuple haïtien veut que ses préoccupations soient prises en compte et entendues par les responsables. L’opposition et le pouvoir doivent comprendre qu’ils se trouvent face à un peuple où sa maturité politique commence à être très élevée. Sa compréhension sur les faits d’actualité n’est plus comme avant. Qu’est-ce qui est à la base de cet acquis?

Au fait, il faut croire qu’avec l’émergence de la technologie de l’information et de communication, la population est mieux informée qu’avant. Aujourd’hui, aucune personne morale ou physique ne peut faire l’économie de l’information. Les medias traditionnels qui eurent naguère l’habitude à cacher certaines informations sous prétexte d’une quelconque ligne idéologique, ne peuvent plus tirer les marrons du feu. La révolution de l’information virtuelle permet à la population à mieux s’informer. Et lorsqu’elle jouit d’une telle opportunité, elle arrivera à mieux fixer son dévolu et façonner son comportement politique au regard de la conjoncture.

Face à cette levée de boucliers que connait le pays, nous ne voulons pas que la classe politique réduise cet ensemble de mouvements de protestations engendrés par la population à une question de Petrocaribe. Eu égard à cette condition délétère, on peut toujours faire des avancements au sujet de ce dossier, pourtant la situation demeure telle qu’elle. Cette effervescence populaire qui règne depuis des lustres sur la toile, confirme que les demandes sont beaucoup plus que cela.

On doit croire que c’est par rapport à l’appréhension réductrice et puérile faite autour des problèmes sociaux que le pays se vautre toujours dans ce véritable bourbier. La somme des volontés individuelles sont souvent mésinterprétées et font que les mêmes phénomènes se renouvellent périodiquement et dans le même ordre. De ce fait, les médicaments palliatifs utilisés pour guérir les plaies de la société, enveniment l’ordre politique et ramènent ce système politique à sombrer dans le déclin.

Les actions du pouvoir en place jalonnent trop d’incompréhensions. À marchand, pendant les grandes mobilisations populaires du 17 octobre, le président Moise le confirmait dans son discours. C’était plus qu’une aberration lorsqu’il avait demandé au premier ministre Céant d’aller chercher l’argent du fonds petrocaribe afin de lui injecter dans son programme dénommé: karavàn chanjman. Ce discours était un non-sens et depourvu de toute conception minimale du mouvement des petrochallengers.

Comprendre le sens de l’évènement des 7, 8, 9 juillet dernier, celui du 17 octobre et du 18 Novembre, c’est croire que les gens qui ont investi les rues, au-delà du petrocaribe, réclamaient une autre forme de l’Etat, un autre modèle de gouvernance, une éradication de la corruption, une répartition équitable des richesses du pays et voulaient à tout prix que justice leur soit rendue avec impartialité. C’est ce que présente la radiographie de ces évènements. L’affaire petrocaribe n’est qu’une goutte d’eau dans cet océan combien immense. Vers la logique d’un climat de vie acceptable, il faut que l’Etat haïtien soit en mesure de cerner les revendications citées au-dessus pour en faire bon usage.

Aujourd’hui ceci est indéniable: les réseaux sociaux contribuent efficacement à élever le niveau de conscience des citoyens haïtiens grâce à la diffusion des informations relatives à la mauvaise gestion de l’Etat. Ils (citoyens) sont devenus de plus en plus sensibles à la réalité socio-politique. Ces mécanismes modernes leur aident à saisir rapidement la réalité géopolitique dont ils évoluent. En ce sens, ils leur invitent à connaitre les progrès économiques et sociaux qui se font dans les pays voisins.

Cette modernité ne reste pas sans conséquence. Cette évolution peut se résumer à trois niveaux: D’abord, cela peut fragiliser de temps à autre la situation, ensuite, susciter la population à avoir régulièrement les nerfs à fleur de peau et transformer, enfin, le pays en un baril de poudre ou la moindre étincelle peut déclencher une explosion funeste si rien ne se fait pour changer la donne sociale.

En effet, il y a des décennies depuis que les luttes engendrées par la population sont mal comprises et interprétées par les autorités politiques. Par conséquent, elles sont devenues incapables d’aborder profondément les faits sociaux et à élaborer des lois adéquates pour transmuter l’ordre social haïtien. Dans un tel climat, si elles veulent répondre efficacement aux demandes de ce peuple assoiffé de bien-être, il faut que ces autorités-là changent de paradigmes et cherchent à avoir un regard plus large de la situation afin qu’elles puissent obtenir gain de cause.

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