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26 avril 2024

L’illusion de certaines personnalités politiques au sujet du système politique haïtien

L’illusion de certaines personnalités politiques au sujet du système politique haïtien

Par Carlens NAPOLEON

Le Philanthrope.
Temps de lecture : 2 minutes.

Pendant ces dernières décennies, l’éradication du système politique actuel reste le sujet le plus débattu en Haïti. On lui reproche de ne pas favoriser la productivité et d’éliminer les gâchis administratifs. Au regard de la réalité, les remontrances faites à l’égard de celui-ci sont incontestablement légitimes et acceptables. Cependant, en écoutant des gens intervenir sur cette question, qu’ils s’agissent des hommes du pouvoir ou de l’opposition, cela peut vous donner la peur au ventre et insulter votre intelligence.

Crozier et Friedberg comprennent le système politique comme étant un champ d’action où tous les acteurs politiques et parfois mêmes les individus cherchent à disposer toujours d’une marge de manœuvre, d’un degré quelconque d’autonomie pour agir. Sur ce point, un changement de système politique n’arrangera rien dans le corps social, si les acteurs s’évertuent à limiter les actions des autres pour garantir ses intérêts propres. Au contraire…

On constate que dans notre lutte pour le changement intégral du système politique, les acteurs politiques haïtiens se sont plongés dans une parfaite illusion. Ils croient que le système est forgé par un homme politique se trouvant en dehors ou à l’opposé de la structure politique dont ils appartiennent. Ils l’attribuent à une personne. Pourtant, aucun système politique au monde n’a jamais été le produit d’un individu.

En fait, si on ramène ce rallye heuristique dans un contexte purement haïtien, on va voir que nous nous entretenons dans une illusion totale à ce sujet. A l’heure actuelle, nous pensons que le système, c’est uniquement Jovenel Moise. Ce raisonnement chimérique nous amène à chasser plusieurs présidents avant la fin de leur mandat en pensant que c’était eux le système. Pourtant, c’est faux et rien n’a changé. Ce système politique qui vandalise le pays depuis plus de 30 ans n’est qu’une sorte de mise en place qui a pondu les dirigeants au pouvoir et ceux de l’opposition aussi. C’est le revers d’une même médaille.

Comme en Haïti, on manifeste un certain mépris vis-à-vis de la compétence. Donc, face à lui, on se comporte comme des canards sauvages. D’une part, l’opposition veut le chambouler et d’autre part, le pouvoir souhaite de le changer. Toutefois, si vous choisissez d’intégrer le pouvoir ou l’opposition, vous faites tout simplement parti de ce système politique. Puisqu’un système politique, au sens de Gabriel Almond, n’est qu’une acceptation de l’ordre politique établi.

Alors, que vous soyez dans un camp ou dans un autre, vous ne faites que vous positionnez vis-à-vis du système politique. D’où la raison qui amène certains théoriciens politiques à croire qu’on ne peut pas changer du jour au lendemain un système, il sera tout simplement effondré soit par une révolution ou une insurrection et génère l’émergence des nouveaux leaders. Voici le piège à cons que certaines personnalités politiques du pays ne tiennent pas compte. Elles pensent que si on chambarde ce système, elles seront toujours présentes dans l’arène politique.

Tout compte fait, voulant éradiquer un tel système politique en Haïti, comme on le souhaite, implique le chambardement de ces deux camps. Car, ils sont tous coupables de cet état de délabrement dont le pays est en proie. C’est un discours qui choque, mais la réalité a été toujours ainsi. Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de discourir par-ci par-là en demandant de changer le système politique haïtien. On peut croire, de préférence, qu’on devrait l’améliorer compte tenu de l’évolution du temps. Pour y arriver, il suffit que chacun agisse tout simplement à la limite des droits et devoirs requis et fixé pour la bonne marche du système en place. Si c’est la république, il faut se baser sur la vertu au sens de Platon qui est l’amour de la respublica . Ainsi, on atteindra les bienfaits de ce dernier visant notamment d’assurer la cohésion de la formation sociale et de garantir l’intégration et l’adaptation sociale.

Paru le 9 juillet 2018.

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