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9 avril 2024

Le SKL accuse l’État haïtien qui favorise le kidnapping et banalise le droit de vivre

Dans un rapport publié le lundi 18 avril 2022, sous la plume du Révérend Père Gardy MAISONNEUVE, les défenseurs des droits humains du Sant Karl Lévêque (SKL) évaluent les différents cas d’enlèvements des deux dernières années, plus particulièrement celui du Révérend Père Excellus Jeanrilus et tirent la conclusion que l’État haïtien banalise le droit à la vie.

Le SKL accuse l'État haïtien qui favorise le kidnapping et banalise le droit de vivre

Le kidnapping comparé à la traite des noirs

Outre la privation de la liberté, le kidnapping, est un processus de décapitalisation et d’endettement de la population haïtienne, selon le SKL. Ces défenseurs soulignent que les nombres officiels ne reflètent pas totalement la réalité, car plusieurs parmi les personnes enlevées n’ont pas porté plainte.

Le SKL compare la pratique inhumaine qu’est le kidnapping à la traversée transatlantique de nos ancêtres africains en 1503 sous l’effet de la cupidité de certains hommes de l’époque.

Ce rapport se dresse en conseiller et appel les haïtiens à défendre leur droit à la vie et à la libre disposition de soi. Dans ce même rapport, le SKL compte alerter la population haïtienne sur le mode opératoire des malfrats et sur le fait que ces derniers sont sans pitié.

Le cas du Révérend Père Excellus Jeanrilus

Le prêtre spiritain et avocat au barreau de Port-au-Prince Excellus Jeanrilus a été kidnappé dans la matinée du mardi 25 janvier 2022 à l’avenue Martin Luther King. Un informateur soldé par les bandes armées serait leur fournisseur de données selon le SKL. Le prêtre a été libéré contre rançon en plein milieu de la journée du mercredi 2 février 2022, à l’hôpital de Saint François de Sale.

Durant la même semaine du kidnapping de Jeanrilus, le prêtre diocésain Étienne Belneau, a lui aussi été enlevé par les bandes armées de la Croix-des-Bouquets.

Le mode opératoire des kidnappeurs

Un camion dont le chauffeur est un acolyte des kidnappeurs a obstrué la route du père Jeanrilus. Soudain une autre voiture surgit pour immobiliser totalement la voiture du prêtre. Sa mission étant accomplie, le camion éclaireur accélère.

Le processus s’est poursuivi avec le débarquement de bandits lourdement armés, enjoignant le prêtre à s’immobiliser pour ne pas être tué.

Ils s’en vont avec le butin, passent par devant les locaux de l’Unité Départemental de Maintien de l’Ordre (UDMO) de la Police Nationale d’Haïti (PNH), ils poursuivent en passant par la Rue Saint-honoré, non loin du Palais National d’Haïti. C’est un procédé commun à d’autres cas, selon les témoignages des kidnappés.

Sans foi ni loi

Les malfrats ont déshumanisé les kidnappés, forçant certains à survivre de leurs propres urines, logeant d’autres sur des draps crasseux. Après qu’une femme otage ait refusé de se laver avec environ une millilitre d’eau dont elle ne connaît la provenance, les autres otages l’on partagée afin de résister aux conditions inhumaines.

Durant les matinées pluvieuse, les otages sont contraints à placer leurs bouches sous les trous de la toiture pour étancher leur soif.

Ils ont entassé huit (8) personnes dans une chambre et y ont mis aussi une génératrice dégageant du gaz carbonique (CO2) tout en faisant du bruit durant les nuits aux fins d’aérer la chambre du chef de la bande.

Pour leurs besoins physiologiques, il y a une fosse d’aisance située dans la même pièce. Personne ne dispose de papiers hygiénique pour s’essuyer.

Le SKL commente et propose

La circulation confortable d’individus armés est inadmissible. Cela montre les faiblesses des institutions responsables de la sécurité de la population. Certains des responsables de ces institutions sont en connivence avec les bandits armés.

Porteur d’obligation, l’État a faillit à ses obligations de respecter, de protéger et de mettre en œuvre.

À titre de propositions, le SKL appel à des mesures exceptionnelles :

-Doter la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) de moyens de détection des tanière où les otages sont séquestrés ;

-Doter la Police Nationale d’Haïti (PNH) de moyens de libération de ces otages ;

-Stopper l’importation illicite des armes et munitions au niveau des douanes ;

-Vérifier tous les véhicules aux vitres teintées ;

-Mener des opérations musclées dans les fiefs des bandits pour affecter leurs activités et influences.