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26 avril 2024

Haïti, le cri de Juillet 2020 : APPEL AU MONDE  CIVILISÉ !!!

Requête citoyenne du Dr. Emmanuel MÉNARD, Membre de la Société Suisse des Juristes et de la Société Québécoise de Droit International
Président de la Force Louverturienne Réformiste et de la Fondation Cosmos.

Haïti, le cri de Juillet 2020 : APPEL AU MONDE  CIVILISÉ !!!

Aux
Souveraines, Souverains, Chefs dEtat et de Gouvernement des Nations Libres,
Dirigeantes, Dirigeants des Institutions Supranationales,
Présidentes, Présidents des Groupes Multinationaux,
Objectrices et Objecteurs de conscience,
Directrices et Directeurs dopinion,
Humanistes et Philanthropes,
Peuples libres du Monde,

Au cur de la Grande Caraïbe, trône
un majestueux morceau dîle montagneuse, gorge déquerre mystérieuse sertie dans limmensité bleue de locéan et suspendue au cordon dor du soleil : Haïti!
Jadis, la Perle des Antilles baptisée Petite Espagne par Christophe Colomb et ses compagnons dinfortune à qui elle a ouvert en 1492, ses flancs escarpés et ses vierges entrailles. Ainsi a commencé la première vague darrivée des premiers migrants européens, ces laboureurs de mer sans papiers, épuisés par laventure dun voyage périlleux et incertain. Aussi, a-t-il donc débuté le calvaire inqualifiable dun peuple riche et paisible vivant dans son paradis convoité.

Bientôt cinq cent trente ans et son histoire est douloureuse; histoire faite de génocide, desclavage, de batailles et de luttes légitimes et héroïques pour culminer à la geste de 1804 où des esclaves considérés comme des biens meubles par le Code Noir, selon lordonnance royale de Louis XIV édictée en mars 1685, abrogé par la loi du 4 février 1794 et remis en vigueur par Napoléon le 20 mai 1802, des esclaves dis-je, se sont rendus à leur liberté les armes à la main. Haïti est donc entrée debout dans lhistoire; la première et la seule révolution desclaves a triomphé par la création dun État Nègre Libre Indépendant et Souverain. Limpensable est arrivé! Dutty Boukman, François Mackandal, Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, François Cappoix dit La Mort, Henry Christophe, Alexandre Pétion, Catherine Flon, Suzanne dite Sanite Belair, Henriette de Saint-Marc, Marie-Jeanne Lamartinière, Marie-Claire Heureuse Félicité Bonheur et tous les autres héroïnes et héros inconnus et méconnus qui ont donné un sens au mot LIBERTÉ, ont forgé la patrie haïtienne, payée sous des canons retentissants, par leur sang et par les cent cinquante millions de francs or (représentant à lépoque le montant du budget annuel de la France) réclamés, le couteau sous la gorge à la jeune république, selon les prescrits de lordonnance du roi Charles X, signée le 17 avril 1825.

Depuis, ces noirs et mulâtres qui ont osé combattre pour la liberté au sens génétique du terme, ont tout souffert de la part du reste du monde : bannissement, mépris, exploitation, extorsion, embargo, occupation et que sais-je encore, jusquà cette lente agonie qui se profile dans un pays où leau, le pain, le sucre, lélectricité, léducation, la santé, lhabitat, bref, sont en ce vingt-et-unième siècle des produits de grand luxe pour la grande majorité de la population. Et tout cela se passe sous les yeux souvent passifs des grands de ce monde avec aussi la complicité agissante dune poignée de nationaux toujours jaloux de leurs privilèges illégitimes et excessifs.
Est-ce un prix à payer, sil se répète encore quHaïti est une tâche sur la carte du Nouveau-Monde et quen lavant lignominie de la traite et de lesclavage infligé à la conscience morale des civilisés, mon pays a irréversiblement incurvé lhistoire universelle.

Somme toute, je ne souligne point ceci, ici, par vantardise ou un quelconque nationalisme dépassé et cocardier :
. la présence de nos ancêtres sur les champs de bataille en Géorgie des États Unis dAmérique du Nord, sur les territoires de la Grande Colombie (Équateur, Vénézuéla, Panama), en République Dominicaine versant leur sang pour des causes qui pourraient pourtant nêtre pas les leurs;
. lenvoi de laide financière à des peuples frères européens dont la Grèce pour se libérer de la domination de lempire Ottoman;
. les batailles politiques et diplomatiques aux côtés de lEthiopie, la Libye, lEtat dIsraël…;
. les habiles manuvres pour la vente de la Louisiane aux Américains;
. la participation remarquable portant sur les fonts baptismaux, la Société des Nations introduite par le Traité de Versailles en juin 1919 et créée le 10 janvier 1920, les Nations Unies fondées le 24 octobre 1945, lOrganisation des États Américains, le 30 avril 1948 sans oublier lapport inestimable de son représentant, lhonorable Émile Saint-Lot, rapporteur de la Commission chargée de rédiger la Déclaration Universelle des Droits de lHomme adoptée le 10 décembre 1948;

Le déploiement de cohortes de professeurs en Afrique francophone, au Canada et jen oublie….

A la faveur de ce réveil mondial, même hypocritement, aujourdhui que tombent au grand jour, jespère, les derniers masques honteux dune pratique méprisable et que se détachent les derniers maillons dun esclavage moderne et dune ségrégation déguisée, Haïti par mon humble voix, lance un cri strident pour elle et pour tous les souffre-douleurs du monde, ces oubliés de la globalisation et de la modernité. Pourtant, ce pays, Saint-Domingue, a été la plus prospère des colonies dAmérique avec ses pierres précieuses, sa canne-à-sucre, son café, son coton, son indigo, son cacao et autres, vendus facilement grâce au commerce triangulaire, produits par des mains calleuses desclave peinant à toute heure et sans trêve dans les mines et champs, ce qui a fait Voltaire, ce poète volontaire propriétaire lui-même de bêtes de somme sécrier:Cest à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.


La chétive Haïti, avec une population jeune, faisant à elle seule plus de la moitié de celle de tous les pays de la Caricom, cette république solidaire réduite à sa plus simple expression humaine, végétant dans sa grande dèche, ne réclame aucun dû ni ne quémande aucun viatique à ceux qui souvent apparaissent comme des pompiers pyromanes accourus à son chevet, lui prodiguant vraisemblablement depuis des lustres des remèdes pires que ses maux. La générosité de ses combats et la force innocente de son idéal humaniste lui interdisent pareil comportement. Haïti na plus de place pour la haine même pour la rancoeur; cela ne sert à rien, pensé-je?


Pour ma part, mon engagement politique axé sur les valeurs républicaines et démocratiques à la présidence du parti Force Louverturienne Réformiste ainsi que mon implication sociale à travers les activités de la Fondation Cosmos, me portent résolument à croire quil est dune urgente nécessité que soit adopté un Plan Marshall pour Haïti (pas un don) dune enveloppe minimale de quinze milliards de dollars sur dix années consécutives dans le cadre dune Stratégie Nationale de Développement Durable et dun Pacte de bonne gouvernance, actés par un large consensus entre les forces politiques, économiques, intellectuelles, sociales et de la diaspora pour rétablir léquilibre de lîle et freiner définitivement le flot des désespérés qui envahissent les frontières des pays voisins. Cet investissement massif dans des créneaux porteurs, tels les infrastructures en général, la production nationale (agriculture, agro-industrie, élevage moderne, industrialisation du tourisme, de la culture et des sports), limplantation de moyennes et petites entreprises, létablissement dun système de crédit équitable, la formation à outrance des jeunes, particulièrement les exclus des ghettos, lencadrement des courageuses femmes entrepreneures marginalisées et des paysans producteurs délaissés, lintégration de la

diaspora ignorée, lincitation aux métiers de la mer, la protection des couches vulnérables, le développement des nouvelles technologies et ladoption dune politique écologique réaliste, aurait la vertu de générer au moins, vingt mile emplois de qualité par annuité, créant ainsi la richesse et relevant du coup le pouvoir dachat de la population pour réduire enfin la fracture sociale intolérable entre nantis et pauvres. Sont-ce des mesures indispensables, à côté des grandes réformes de lÉtat, une vraie bataille contre la corruption, le clientélisme dans ladministration publique, les trafics illicites, linstauration dun climat sécuritaire, dentente politique et de détente sociale pour amorcer à court terme le processus qui doit faire de la République dHaïti, un pays émergent dci 2040.

En vérité, le miracle haïtien est possible et laffreux spectre de la douloureuse expérience de 1994 du Rwanda doit être évité à tout prix.


La survie dHaïti compte!


Humainement Vôtre.

Dr. Emmanuel MÉNARD
cosmosmenard@yahoo.fr