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26 avril 2024

MARTISSANT, un texte de Jacques Anilus

MARTISSANT, un texte de Jacques Anilus

Inoubliable paradis désenchanté!
Jadis, demeure des épicuriens
aux goûts fins, venant d’horizons divers,
qui laissaient aller leur passion
jusqu’à devenir fous.
Fous de cette source d’eau fraîche
couverte de feuillage d’arbres divers.
Lieu commun des amoureux,
aussi de tous-ceux qui voyageaient
à travers les livres pour être toujours
en contact avec les idées.

Des idées géniales qui construisaient
l’habitation de Leclerc,
Véritable chef-d’œuvre offrant
cette magnifique vue qui ouvre
une fenêtre au regard incessant
de la brise de mer de Brisa del mar, du désir et la chaleur d’El caribeño, de la magie des danses traditionnelles de Katerine Dunham
et d’Emerande de Pradine, de la comédie
de Gérard Denis qui, chaque jour offrait
des scènes sensationnelles que ses singes
et le public jouaient dans un décor spectaculaire.

Aujourd’hui, ce joyau devient
une traversée de douleurs
un pont d’échange d’amertumes
entre l’Ouest et le Sud.
un escadron de la mort.
La mort du temps
Le bon vieux temps du passé.
Le passé glorieux des gens honnêtes
Des honnêtes gens de ce coin si beau
qui sont tombés sans raison et sans défense
et dont l’écho de leur flac de sang, plongé dans l’eau de l’oubli,
retentit jusque vers l’infini.

Ô! Martissant, qu’as-tu donc fait?
pour mériter ce châtiment
Celui de compter des cadavres
sans extrême-onction ou sans sépulture
Des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants de la patrie chérie.
Des cadavres étouffés, rançonnés, mutilés…
Des cadavres d’une seule classe.
Des cadavres de partout au mépris des pseudo hommes d’état, de l’indifférence et de l’inhumanité des uns et des autres.

Courage! Courage! Courage Martissant!
car, quelque soit la durée de la nuit, le jour finira par paraître .

Par: Jacques Anilus