L’année de la chute de la dictature de trente ans des Duvalier père et fils (1986), date charnière dans l’histoire politique d’Haïti, aurait représenté, aux yeux de certains, la conjoncture opportune pour l’émergence d’un nouveau discours dans la société haïtienne. Ce nouveau discours axé sur un nouveau régime (démocratique) aurait dû constituer une moisissure pour la réalisation d’une nouvelle pratique éducative. Ainsi, on constate que le cheminement vers la démocratie est devenu une nécessité pour une éducation métamorphique. Certes, le champ politique est dominé par ce si dominant discours mais les agents politiques n’arrivent pas à conglomérer cette volonté démocratique que le peuple a exprimée et qu’il continue encore à exprimer.
En effet, l’éducation comme point culminant de transformation sociale n’arrive pas à transformer le sujet haïtien. Or, l’éducation « métamorphique » vise à assurer à chaque individu le developpement de toutes ses capacités (physiques, intellectuelles, morales,…). Une éducation qui permet de rendre plus efficace la sincère volonté de la plupart des éducateurs scolaires de faciliter à leurs apprenants un pouvoir accru sur le monde, signe d’une émancipation.
C’est donc une éducation qui transforme. Et, cette transformation permettra à l’individu d’affronter sa vie personnelle, de la gérer comme étant un sujet conscient de sa responsabilité au sein de la société dans laquelle il vit. Or, en Haïti, au lieu l’éducation cherche à cimenter le corps social à partir de l’émancipation de chaque individu, elle créée au contraire une large disparité sociale permettant à l’autre de se voir comme supérieur, donc de prince auto-dominé comme aurait dit Janil. Le prince auto-dominé vit en dehors du principe de l’unité dans la diversité, c’est-à-dire en dehors du respect de l’autre dans la quête de la libération humaine, et n’en connait pas les exigences.
De ce fait, l’éducation métamorphique pourrait faciliter l’émancipation du sujet haïtien tout en permettant une pédagogie participative privilégiant la confrontation à des situations-problèmes, à des activités qui ont du sens, qui placent l’apprenant en projet d’apprendre.
En somme, une telle éducation nous propose de projeter un regard critique sur un impensé dans notre société: la nécessité de pouvoir re-définir un avenir qui soit d’emblée de façon indiscutable au progrès.
Fritz-Ony DORCE
Licencié en Science Po et Philosophie
Étudiant en Master Philosophie Politique
