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1 mai 2024

L’insécurité alimentaire en Haïti : entre inégalité et pauvreté.

En dépit de l’accroissement des richesses a l’échelle mondiale, la pauvreté ne cesse de battre son plein dans de nombreuses régions du globe. Les derniers rapports de l’ONU estiment que plus de 815 millions de personnes vivent a travers le monde sous le seuil d’extrême pauvreté. A cette funeste réalité, Haïti n’y échappe pas. elle figure parmi les 16 pays ayant de plus fortes disparités sociales et soufre de graves pénuries alimentaires.

L'insécurité alimentaire en Haïti : entre inégalité et pauvreté.

Par : Charm Walkens JEAN SIMON
jswalkens@gmail.com

Force est de constater que la faim en Haïti est aujourd’hui plus criante et généralisée qu’elle n’a jamais été auparavant. Dans un rapport récemment publié par la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA), on compte entre 3 et 3.8 millions d’haitiens faisant face a l’insécurité alimentaire. Une situation qui merite que l’on y accorde une attention soutenue et très particulière. Cet état de fait vient-il du néant ? Est-il structurel ? Quels sont donc les principaux facteurs influençant la pauvreté en Haïti ?

Il a été, maintes fois, démontré que les causes qui ont engendré la disparité sociale en Haïti sont d’ordre structurelle, certaines remontant au lendemain de l’indépendance en 1804. Et sont aussi liées à des facteurs économiques, au niveau interne et externe

Haïti, Ayant arraché son indépendance dans des conditions difficiles au début du dix-neuvième siècle s’est vu assassiner Dessalines son libérateur pour sa vision politique axée sur la justice sociale. L’empereur ne concevait pas une Haïti indépendante sans une politique publique orientée vers le bien-être collectif. C’est pour cela qu’il avait déclaré aux anciens libres qui voulaient s’accaparer des biens laissés par les colons : « Et les pauvres noirs dont leurs pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien? »
Entre autres, il voulait par là que les biens et les richesses du pays soient répartis équitablement entre les differentes couches sociales du pays. Cependant, après qu’il fut tombé sous les balles assassines de ses opposants, toutes les politiques mises oeuvres par ses successeurs ne sont orientées que vers les intérêts d’un petit groupe qui accapare et privatise tout sur leur passage au détriment du bien commun.

En ce qui a trait aux facteurs du sous développement d’Haïti,
Au vu et au su de tous, La France et les USA sont les deux protagonistes des maux du pays.
Isolée du reste du monde au lendemain de son indépendance, la première république noire est vite perçue comme un mauvais exemple pour les autres colonies et un accroc a l’ordre mondial. Elle fut contrainte de payer au prix fort, les conséquences de son indépendance. En effet, le pays a du payer à la France en 1825 sous la menace d’une armée un rançon de 150 millions de francs-or, soit aujourd’hui une valeur capitalisée de plus d’une vingtaine de milliards d’euros. En échange de l’affranchissement du pays, et destinés à indemniser les colons.
Depuis lors, nous sommes condamnés à allouer pendant plus d’un siècle une partie importante de notre budget national à payer des sommes considérables à la France qui représente une hémorragie des ressources rares du pays. Le paiement de cette monstrueuse dette est donc une injustice sociale et économique faite au peuple haïtien qui a osé se battre pour la liberté, la dignité et l’égalité entre tous les hommes dont les conséquences se font sentir encore aujourd’hui.

Rappelons qu’à la veille de l’occupation Américaine, soit en décembre 1914, les troupes américaines ont emporté toute la réserve d’or du pays, qui était entreposée à la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH), réserve estimée à l’époque à 500 mille dollars. Ce vol avait pour principal objectif de précipiter la chute du pays afin de le placer sous la tutelle Américaine, ce qui deviendra effectif en juillet 1915.
Ce n’est pas par hasard lors de l’occupation, les Américains ont choisi d’investir massivement dans l’industrie sucrière moderne en République Dominicaine et à cuba, Pendant que le rôle assigné a Haïti à l’intérieur de la division régionale du travail était réduit a une fonction de mains d’oeuvre à bon marché pour aller enrichir les industries sucrières Américaines en République Dominicaine et à Cuba. Et cette dite fonction constitue l’une des marques fabriques de la formation sociale de la société haïtienne. Ce qui fait de nous jusqu’à ce jour la main d’oeuvre de toute la région. Les chiffres de nos jeunes compatriotes qui ont dû quitter le pays en direction de l’Amérique Latine à la recherche d’un mieux être peuvent en temoigner.

Entres autre, les politiques économiques néolibérales imposées à Haïti au cours des années 80 par la Banque Bondiale (BM), le Fond Monétaire International (FMI) et le gouvernement Américain n’aident pas le pays a avancer. Elles sont considérées plutôt comme une bombe a retardement pour l’économie haïtienne.

Si l’on croit le rapport de Christian Aid en 2006, sous la pression de l’administration américaine en 1995, le pays fut forcé de réduire les taxes douaniers sur les produits alimentaires importés qui auront plutard des conséquences économiques désastreuses sur le pays. Ce qui fait Haiti devient le premier pays ayant les plus bas tarifs douaniers dans la caraïbe.
En effet, cette décision néolibérale va accélérer la chute de la production nationale et donner lieu a cette « pratique oligopolistique »de la part des importateurs d’aliments qu’on a aujourd’hui.
Prenons comme exemple le marché du riz, il est dominé par quatre grandes sociétés d’importation, contrôlées par quatre familles de l’élite économique haïtienne.
Plutôt que de pratiquer la compétition, les principaux importateurs haïtiens se concertent pour fixer les prix. Avec pour résultat des prix locaux exagérément élevés et, parfois même, beaucoup plus que sur le marché international.
Il est claire que lorsque nous consommons ces produits importés, nous ne faisons qu’enrichir la classe nantie qui ne se soucie guère du bien etre collectif

En ce qui a trait a L’Etat haïtien, il a une politique très libérale vis-à-vis du commerce des produits alimentaires. Il ne fixe pas de prix ni
aux producteurs ni aux consommateurs. Il ne détient pas de stocks de réserve et, sauf à de rares exceptions comme lors des derniers soulèvements populaires dans le contexte du « Pays Lock » qui a eu lieu précédemment contre la cherté de la vie.

Enfin de compte, l’État haïtien depuis sa fondation, s’est toujours comporté en État Néocolonial ne se souciant guère du bien être de ses progénitures (de sa population). Comme disait le Professeur Jean Casimir, l’État s’est établi sur le sol haïtien sans pour autant se mettre au service de la nation. Outre, à la lumière de l’ensemble des considérations précédemment abordées concernant la dette infligée a Haïti dès sa naissance et la pénétration de l’impérialisme américain dans la vie socio-économique et politique du pays nous porte à conclure que tout Haïtien succombé par le fléau de la faim demeure une personne assassinée.