Les Haïtiens de Paris célèbrent la Fèt Gede et honorent leurs ancêtres

3 novembre 2025

Les Haïtiens de Paris célèbrent la Fèt Gede et honorent leurs ancêtres

Paris célèbre la Fèt Gede : la communauté haïtienne se rassemble pour une nuit de musique, de danse et de spiritualité

Le 1er novembre dernier, la communauté haïtienne de Paris s’est réunie pour honorer la Fèt Gede, la Journée des Morts en Haïti, lors d’une soirée riche en rythmes de Rasin, en danses et en rituels spirituels. La Mascarade annuelle Ayibobo, organisée par l’association Kouzen Lakay basée à Paris, en partenariat avec le groupe D’Imperial, s’est tenue à l’Espace Alliance situé à Blanc-Mesnil, en banlieue nord-est de la capitale. La célébration de la Fèt Gede a rassemblé artistes, groupes culturels et plusieurs centaines de membres de la diaspora haïtienne, tous venus pour rendre hommage aux esprits de Gede, qui jouent un rôle d’intermédiaires entre les vivants et les morts dans la tradition vodou haïtienne.

L’événement s’est déroulé dans la foulée d’une conférence de presse tenue le 31 octobre à l’ambassade d’Haïti en France, où l’ambassadeur Louino Volcy a chaleureusement accueilli les organisateurs et artistes tout en soulignant l’importance du travail de promotion de la culture haïtienne à l’étranger réalisé par l’association.

« Je suis vraiment heureux, cela représente une continuité du travail de l’ambassade », a déclaré Louino Volcy. « Cet événement met en avant la musique haïtienne, nos racines, et contribue à valoriser notre pays en France. Nous continuons à faire rayonner la culture haïtienne à travers la musique Rasin et ses différentes composantes. »

La France compte une diaspora haïtienne importante, dont la croissance s’est renforcée depuis les années 1980, en partie grâce aux premières arrivées via la Guyane française. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), quelque 87 000 personnes originaires d’Haïti vivaient en France en 2017 avec un statut régulier. Cependant, en tenant compte de toutes les personnes d’origine haïtienne, qu’elles soient de première génération ou françaises de souche, l’ambassade d’Haïti à Paris estime que le nombre total dépasse les 100 000, la majorité résidant en métropole, principalement dans la région parisienne.

Ce tissu communautaire reste profondément lié à Haïti, avec des envois de fonds représentant environ 165 millions d’euros chaque année, ce qui en fait la troisième origine de remises d’argent vers Haïti. Ces transferts pèsent pour environ 25 % du PIB du pays, témoignant de la force de cette diaspora.

  • Singer Riva Nyri Précil at the Haitian Embassy in France for the Ayibobo Masquerade press conference ahead of the Fèt Gede celebration in Paris. Photo by Simon Feisthauer Fournet for The Haitian Times.
  • L'ambassadeur haïtien en France Louino Volcy à la conférence de presse de la Mascarade Ayibobo à Paris. Photo par Simon Feisthauer Fournet pour The Haitian Times.
  • La chanteuse Riva Nyri Précil performe lors de la célébration de la Fèt Gede à Paris, lors de la Mascarade Ayibobo. Photo par Simon Feisthauer Fournet pour The Haitian Times.

Pour cette année, il s’agissait de la deuxième édition de la Mascarade Ayibobo à Paris, organisée en partenariat avec le groupe D’Imperial basé à New York et dirigé par Darly Estinval. Si Kouzen Lakay organisait déjà depuis plusieurs années des célébrations de la Fèt Gede en France, cette collaboration avec Estinval a permis d’étendre la portée de l’événement. La fusion de ces deux entités a permis de rassembler des artistes haïtiens, américains et français dans une même célébration.

Le mouvement Ayibobo Masquerade relie les Haïtiens à travers les frontières grâce à la culture et à la spiritualité. « Nous embrassons le mouvement Rasin parce qu’il s’agit d’une danse enracinée dans le Vodou qui exprime toutes les problématiques du peuple haïtien », explique Estinval.

Marie Gabrielle Pierre, présidente de Kouzen Lakay, un groupe créé pour promouvoir la culture traditionnelle haïtienne via la musique et la danse, a exprimé sa satisfaction quant au succès de l’événement.

« La Fèt Gede est une tradition essentielle pour nous. Tout le monde va au cimetière pour honorer leurs ancêtres et leurs proches. C’est dans ce contexte que nous célébrons cette fête. »

  • Members of Kouzen Lakay perform at the Ayibobo Masquerade Fèt Gede celebration in Paris. Photo by Simon Feisthauer Fournet for The Haitian Times.
  • Un batteur de Kouzen Lakay performe lors de la Mascarade Ayibobo. Photo par Simon Feisthauer Fournet pour The Haitian Times.
  • Un membre de Kouzen Lakay performe lors de la Mascarade Ayibobo. Photo par Simon Feisthauer Fournet pour The Haitian Times.
  • La chanteuse Riva Nyri Précil performe lors de la Mascarade Ayibobo à Blanc-Mesnil, près de Paris. Photo par Simon Feisthauer Fournet pour The Haitian Times.

Sylvie Paul, née en France de parents haïtiens, était venue spécialement pour voir performer Thoy’Art et Tipay.

« Ma mère est originaire de Port-au-Prince et mon père de Tibarre », confie-t-elle. « Je suis ravie de fêter ce soir. Nous faisons partie de la diaspora haïtienne en France, c’est une manière de rester connectés à nos racines et à nos ancêtres. »

Alors que la soirée à l’Espace Alliance se poursuivait, danseurs et spectateurs se mêlaient dans une célébration rythmée, fusion de traditions ancestrales et d’expressions modernes. L’atmosphère était emplie d’encens et de percussions, et l’énergie collective s’intensifiait à chaque chant qui retentissait.

Estinval espère voir la Mascarade Ayibobo évoluer vers un événement plus ambitieux, voire un véritable Festival Ayibobo, réunissant artistes haïtiens d’Europe et d’Amérique du Nord.

« Nous souhaitons créer quelque chose de grand », explique-t-elle. « Un vrai festival qui célèbre le mouvement Rasin et l’identité haïtienne. »

Naïla Saint-Fleur

Naïla Saint-Fleur

Je suis Naïla Saint-Fleur, journaliste pour Kapzy News et passionnée par les récits qui révèlent la complexité d’Haïti et de la Caraïbe. À travers mes articles, je cherche à donner du sens à l’actualité et à faire entendre les voix de celles et ceux qui construisent le pays au quotidien. L’écriture est pour moi un acte d’engagement et de transmission.