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28 mars 2024

Quand la jeunesse haïtienne arrêtera ses faux pas ?

Quand la jeunesse haïtienne arrêtera ses faux pas ?

Par Claude-Bernard Elio ALCEUS

À l’image de la célébration annuelle de plusieurs dates importantes, le 12 Août est retenu et est réservé pour la jeunesse à l’échelle mondiale. Ce serait avec peu d’intérêt, en tout cas à mon avis, de sursoir sur le cas de la jeunesse américaine, française, canadienne etc.… puisque leur situation est moins dangereuse que la nôtre. Ainsi, En tant que jeune, peut-être l’un des moins jeunes de ma génération, je suis particulièrement plongé dans une profonde réflexion à propos de la jeunesse haïtienne. Nul n’est sans savoir qu’actuellement Haïti est au cœur d’un ensemble de bouleversements chroniques de tout genre qui lui met en situation d’alerte rouge dans l’hémisphère occidental. Ce qui est encore pire c’est que la jeunesse n’est pas épargnée de ces fléaux et est impliquée, d’une manière ou d’une autre, à infliger cette peine que connait le pays. Pour répéter Bernard Roudet, la jeunesse est à la fois âge et passage : elle constitue un âge de la vie marquée par le passage de l’adolescence vers l’âge adulte. L’on peut comprendre par là que la jeunesse est une réalité sociale, en ce sens qu’elle est produite par la société et dépend des contextes historiques, sociologiques, économiques ou juridiques déterminés. Dans cette perspective, Haïti a besoin d’une nouvelle ère et pour connaitre cette ère nouvelle, la jeunesse haïtienne a sa partition à jouer dans la symphonie d’un développement durable.
La jeunesse comme arme de construction et non comme objet de destruction
Dans beaucoup de pays dans le monde, les jeunes représentent le moteur du progrès de leur pays, ce qui est tout à fait différent pour Haïti. Ici, les jeunes sont livrés à eux-mêmes et sont, pour la plupart, utilisés à des fins particulières par un patron ou un groupe bien défini. Dans ce contexte, pour arrêter ses faux pas et pour prendre le chemin idéal qui amènera à un changement réel ; il faut que, tout d’abord, la jeunesse haïtienne ne soit plus l’objet de manipulation et de vandalisme. C’est un phénomène qui me touche profondément de voir comment bon nombres de jeunes, pour des avantages économiques parfois pour un visa, se laissent contaminer par le virus anti Haïti des antinationalistes. Je pense qu’il est temps de comprendre que toute politique de destruction ne peut rien changer, bien au contraire, précisément la politique qui peut changer quelques choses ne peut être autre que celle qui prône la construction. Tant que nous avons cette jeunesse sans caractère, nous n’aurons jamais l’Haïti que nous rêvons tous.
La deuxième solution à prendre pour cesser les faux pas c’est que la jeunesse haïtienne, au lieu de créer au quotidien des débauches et des plaisirs malsains, doit plutôt s’organiser, en dehors de toute origine et classe sociale, pour penser les stratégies d’une nouvelle révolution qui doit se faire non pas contre le soi-disant blanc mais contre nous c’est-à-dire ce système que nous avons instauré contre nous-mêmes dont ses racines sont profondément enracinés dans la corruption. En fait, si la jeunesse est une période d’apprentissage des responsabilités, d’accès à l’indépendance matérielle et de construction identitaire de l’autonomie, la jeunesse haïtienne ne doit pas rester inaperçue car sans quoi nous n’aurons jamais l’Haïti que nous rêvons tous.
La jeunesse haïtienne doit choisir un nouveau modèle
La troisième solution pour arrêter les faux pas c’est que la jeunesse haïtienne doit élaborer son projet de demain. Autrement dit, elle doit prendre l’avenir du pays en main. Nous avons besoin d’une période de réveil, mais cela prendra du temps pour arriver dans le niveau de conscientisation pour parler du renouveau. Dans un système où l’ignorance bat son plein, la jeunesse haïtienne, ne peut à mon avis prendre un homme de ce système traditionnel comme référence, mais plutôt doit se contourner pour choisir l’intelligence, la connaissance et le savoir comme modèle de référence. Car, à travers cette démarche, elle pourra découvrir le bien fondé du bien-être collectif et les moyens d’y parvenir.
En effet, au-delà des différences et inégalités, il existe des traits communs qui se dégagent. Je veux que chaque jeune comprenne la nécessité d’arrêter ses faux pas car, à force de les multiplier, ils finiront par jeter Haïti au fond de l’abime et là ce sera plus difficile de redresser la situation. Donc, les jeunes doivent s’insérer c’est-à-dire de passer par un tunnel de contrats précaires et s’engager. S’engager ici mentionné, ce n’est plus adhérer à un parti, mais plus souvent expérimenter de nouvelles formes de mobilisations pour accoucher à une nouvelle réalité non plus dégueulasse mais agréable à vivre.