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28 mars 2024

Pourquoi n’arrêtent-ils pas de tweeter et choisissent de faire autrement?

Les réseaux sociaux deviennent ordinairement que de grands tableaux sur lesquels les acteurs politiques exposent le canevas de leurs discours. Tenant compte de l’ensemble des commentaires moqueurs laissés par les internautes à chaque intervention de nos politiciens, on constate qu’ils sont très mal vus dans l’opinion publique nationale. Sur ces forums, notamment Facebook et Twitter, à chaque tweet ou post effectué par eux, les commentaires vont toujours à leur encontre même quand le dossier sur lequel ils s’expriment, porte en lui un intérêt national.

Pourquoi n'arrêtent-ils pas de tweeter et choisissent de faire autrement?

Par Calens NAPOLEON.
Le Philanthrope.
Temps: 3 minutes.

Paru le 11 décembre 2018

Les uns (commentaires) sont plus vexants et hargneux que les autres. Et ceci, les interprétations piquantes sont plus flagrantes et touchent un fort pourcentage au dépend de celles qui vont dans le sens positif.

Le peuple est désormais fatigué par cette culture orale que possèdent les autorités politiques haïtiennes. À chaque sujet traité dans un tweet ou un post par une autorité politique, ils sont des centaines d’internautes qui pètent les plombs en traitant de tous les noms du monde l’autorité en question. Fort de ce constat, on peut se demander: est-ce qu’elle ne visionne pas les flots de commentaires acerbes survenus après l’affichage de son post? Admettons qu’elle ne les a pas vus, mais est-ce qu’elle n’a pas de famille, des proches lui disant de changer son fusil d’épaule parce qu’elle est indubitablement à côté de la plaque?

En politique, un leader a toujours besoin de tester sa popularité et rester à l’écoute du peuple dans les espaces publics. D’ailleurs, c’est un exercice important que devraient admettre tous les democrates souhaitant d’évaluer l’impact de ses mesures politiques dans l’arène politique et de savoir s’ils sont sur la bonne voie.

Concernant les annotations, on ne doit pas penser que toutes les interactions enregistrées suite à la publication d’un point de vue ou d’une information faite par un homme du pouvoir ou de l’opposition sur le net soient venues de faux comptes. Il est vrai que ceux-là existent cependant, on ne doit pas rejeter le contenu des messages diffusés. Le citoyen pourrait bien masquer son nom pour porter ses revendications et ses frustrations afin de se protéger. C’est déjà une stratégie.

En ce sens, il faut que les hommes du pouvoir ou de l’opposition prennent plutôt ces commentaires qui jalonnent leur publication comme étant le résultat d’un sondage d’opinion. Ces commentaires traduisent la perception et la compréhension des gens autour de leurs actes. Arrêtez de croire que tous les comptes soient faux. Sachez que même dans une enquête formelle, le statisticien en question aurait considéré une marge d’erreur afin de trouver le résultat médian.

Les reproches qu’on entend dans les medias traditionnels, renferment en partie l’expression de la frustration populaire. Car, les intervenants ne peuvent pas répéter exactement ce qu’ils pensent en utilisant leur instinct propre. Il y a toujours un guide qui leur empêche de parler comme ils veulent, quand ils veulent et de ce qu’ils veulent en pleine liberté. Ordinairement, il n y a pas de sincérité dans les critiques que font les médias à l’endroit de nos dirigeants au risque de ne pas enfreindre les principes déontologiques relatifs à la presse et compromettre le revenu économique de la radio ou la télé en question. Pourtant, sur les réseaux sociaux, c’est différent. Ce sont des médias libres où chacun exprime vertement ce qu’il pense dans sa propre manière sans aucune mesure et contrainte idéologique. C’est pour dire qu’il y a une grande sincérité dans les gronderies enregistrées sur les réseaux sociaux que dans les medias traditionnels.

Cela est tellement vrai, on a vu comment les réseaux sociaux ont mobilisé dans un temps record des milliers de personnes autour du dossier petrocaribe. Ce que les médias traditionnels n’arrivaient pas à faire. Donc, derrières les différentes opinions qu’on lit sur les médias sociaux, il y a l’âme, la responsabilité et la conviction de l’individu qui l’écrit ou le partage qui se manifestent au fond d’elles. Ce qui est différent pour la radio, la télévision et certaines conférence-débat. Il est clair que l’homme au micro n’est pas l’homme en dehors du micro. Il cherche soit à masquer ou empirer la réalité dépendamment de son aspiration politique. Sa prise de parole se fait en conformité avec la ligne idéologique de l’espace où il travaille. Par conséquent, la vérité sur les faits d’actualité est devenue fichue et la condition socio-économique des gens n’avait jamais été abordée en toute impartialité dans la presse. C’est ce qui explique en quelques sortes qu’Haïti se trouve dans cet état d’immobilisme depuis tout ce temps-là.

En dépit de tout, l’opinion des internautes sur des faits politiques s’avère plus sincère que celle de n’importe quel leader d’opinion. C’est l’expression intransigeante de leur conscience sans aucune barrière et contrainte idéologiques. Malgré les risques, il y a toujours un rouleau compressif très sévère qui sanctionnera le prochain tweet des sénateurs, députés, ministres, membres de l’opposition et d’autres qui n’assument pas leurs responsabilités dans la gestion des choses publiques de manière pratique. En réalité, cela devrait être pour eux une preuve qui leur indique qu’il y a quelques choses qui ne marchent pas et qui méritent d’être changées. Ces réactions représentent la somme des colères accumulée, des frustrations caractérisées et des complaintes non prise en charge. Ce faisant, les autorités méritent de les prendre très au sérieux au lieu de les ridiculiser.

Ce peuple assoiffé, par ses réactions, montre qu’il n’a besoin d’un perroquet politique pour noyer son espoir dans le bassin des mots. Dans les différentes luttes qu’il a déjà menées contre ce système en place, il a voulu que l’Etat haïtien soit passé de la parole aux actes en lui créant un climat de vie acceptable au lieu de régler les grandes affaires de l’Etat sur la voie publique.