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18 mars 2024

Le Président Aristide vit et vivra toujours dans les cœurs.

Le Président Aristide vit et vivra toujours dans les cœurs.

Par : Jean Michelot Polynice

Les héros de Vertières nous ont laissé le pays comme un patrimoine que nous devons protéger et auréoler de bonnes choses. Dans ce contexte patrimonial, sans vouloir critiquer amèrement nos hommes d’ États, il est clair que chacun avait un rôle à jouer dans la sauvegarde de ce patrimoine qu’est Haïti. La complémentarité est donc un facteur non négligeable pour le développement de la nation. À cet effet, plusieurs hommes et femmes politiques qui sont présents dans nos manuels d’histoires, ont d’ une certaine manière marqué les esprits et nos enfants auront à faire leurs connaissances au fil des années. C’est le propre même du patrimoine, chacun vient et place sa pierre dans l’édifice afin de laisser place aux autres pour en profiter. Dans cet ordre d’ idée, le pays a connu plusieurs formes de gouvernances, plusieurs formes de régimes politiques. Sans vouloir léser personne (Neminem laede), on pourrait dire que chaque régime politique a ses propres raisons d’être.

Ainsi, après la chute de Jean Claude Duvalier le 07 février 1986, le pays allait s’offrir une voie vers la démocratie (demos= peuple ; Cratie= le pouvoir). C’est ce qui a amené au pouvoir le plus grand leader charismatique que l’histoire politique de ce pays n’ a jamais connu, après les élections libres de décembre 1990. Pour ainsi dire, l’espoir allait se faire une place dans les cœurs avec la venue au pouvoir du président Jean Bertrand Aristide.

Aujourd’hui, après ses deux mandats, il agit sans faire trop de bruit parce que, comme on pourrait le penser, le travail pour la décolonisation mentale doit se faire dans la plus grande discrétion. Comme le disait Emmanuel Kant dans «FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS» : «Quand il s’agit de valeur morale, l’essentiel n’est point dans les actions, que l’on voit, mais dans ces principes intérieurs des actions, que l’on ne voit pas». Par ailleurs, l’infamie s’est installée dans l’opinion publique en faisant croire que le Dr Jean Bertrand Aristide ne va pas très bien. On sait que, pour un homme politique et influent comme le fondateur de l’UNIFA, l’opinion publique veut dire beaucoup de choses. Dans cette circonstance, de par son implication directe comme chef d’ État dans l’histoire de ce pays et comme grand leader charismatique, on lance un appel au calme parce que le président Aristide vit et vivra toujours dans les cœurs. De là, avant de justifier cette assertion, on pourrait se demander comment et pourquoi va-t-il continuer à vivre dans les cœurs? S’il est vrai qu’ il va continuer à ainsi vivre, ça a-t-il quelque chose à voir avec une position politique ou un respect envers son sens intellectuel?

Loin d’être quelque chose qui pousse l’ individu à faire ce qu’ il veut au détriment d’un autre esprit, la démocratie est avant tout un moyen de permettre à chacun d’exister sur une base sociale équilibrée sans gain de cause sur l’image publique de l’autre. Dans son livre «LES ETAPES DE LA PENSÉE SOCIOLOGIQUE», Raymond Aron expose les idées de Tocqueville sur la démocratie comme suit : «Est démocratique la société où ne subsistent plus les distinctions des ordres et des classes, où tous les individus qui composent la collectivité sont socialement égaux, ce qui ne signifie d’ ailleurs pas intellectuellement égaux, ce qui serait absurde, ni économiquement égaux, ce qui, d’après Tocqueville serait impossible». Partant de cette idée sur la démocratie selon le sociologue qu’ on vient de citer, il est clair qu’ au-delà des facteurs sociaux, il est d’une importance cruciale de respecter la capacité intellectuelle incontestable d’ un homme comme Dr Jean Bertrand Aristide. Il n’est pas nécessaire d’adhérer à ses idées pour admettre qu’ il est un des grands esprits issus d’un think tank productif. Ainsi, chacun doit se méfier de ce que ses inclinations le pousse à faire. Parce que, selon Emmanuel Kant l’acte moral doit se faire non par inclination, mais par devoir. Le devoir devait appeler chacun à combattre l’infamie. Car selon la règle bien connue dans le FONDEMENT DE LA MORALE, «Quod tibi non vis fieri, alteri ne feceris» (ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît à toi-même), il est important de se regarder de plus près avant de proférer des jugements négatifs sur un esprit laborieux.

En effet, il est clair que le président est en très bonne forme. L’ histoire aura son mot à dire sur sa destinée, mais pas l’opinion publique. Il va continuer à être présent dans les cœurs de toutes les personnes qui voient en lui ce grand leader et également dans l’histoire politique de ce pays, par ses bons souvenirs laissés pour plus d’un. Dire qu’il va continuer à vivre dans les cœurs n’a rien à voir avec une position politique, c’est avant tout une position d’homme. Mais il est important de savoir reconnaître le potentiel de chacun, parce qu’ il n’est pas suffisant seulement de dire que l’erreur est humaine, il faut aussi avoir le courage de regarder le bon côté de chacun. Nous allons donc conclure avec André Paré qui nous dit que «toute notre éducation nous a appris à être critique à l’ égard de ce que nous produisons comme idées. Nous recevons les idées des autres de la même façon. Au lieu d’y chercher des éléments positifs, constructifs, on tente de les détruire». L’ évolution est donc à votre porte.

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