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27 mars 2024

Haiti: Les prix des produits pétroliers sont en passe d’être revus à la hausse

Selon le ministre de l’Économie et des Finances Ronald Décembre, un mécanisme est à l’étude pour augmenter le prix de ces produits sans pour autant affecter les tarifs du transport en commun.

Haiti: Les prix des produits pétroliers sont en passe d’être revus à la hausse

Avec le Nouvelliste

5 novembre 2018

Le numéro un du MEF a fait remarquer que, compte tenu de l’augmentation continue sur le marché international, Haïti ne peut plus supporter la subvention du carburant qui au final ne profite qu’à 30% de la population et rembourser les compagnies pétrolières.

Les émeutes des 6, 7 et 8 juillet n’auront servi qu’à retarder la hausse effective des prix du carburant. Le gouvernement, sans le démontrer, continue d’insister sur la nécessité d’appliquer une hausse au prix des produits pétroliers. À entendre le ministre Décembre, ce lundi, il s’agit seulement pour les autorités de trouver une formule adéquate et de consacrer ensuite l’augmentation des prix de l’essence. « L’idée est d’arriver à un mécanisme qui garde intact les prix du transport tout en ajustant ceux des produits pétroliers, tout en appliquant la loi de 1995 », a ajouté Ronald Décembre.
Ce mécanisme une fois trouvé, la subvention concernera uniquement le coût du transport, ce qui aurait également pour effet de réduire les dépenses de l’État. « Au lieu de subventionner les prix du carburant à hauteur de 20 milliards de gourdes, l’État aurait conservé 15 milliards de gourdes et injecté 5 ». Le secteur du transport demeure le plus affecté au moment de l’augmentation des produits pétroliers, soutient Ronald Décembre, oubliant que ces derniers constituent un élément transversal. D’après lui, si le gouvernement parvient à ne pas toucher aux tarifs des camionnettes, des taxis, l’augmentation sera bien perçue par la population. À rappeler que rien n’est encore arrêté. C’est un projet à l’étude », a insisté le ministre.

Toutefois, cette augmentation n’est pour tout de suite, a tenu à rassurer l’ancien secrétaire d’État aux Finances. « Elle n’est ni pour demain ni pour décembre mais elle se fera à court terme ! », a précisé Ronald G. Décembre, qui faisait une présentation du projet de budget pour l’exercice 2018-2019, qui se veut un budget « à caractère social ».

D’un autre côté, le titulaire du MEF, pour bien corroborer l’impératif d’augmenter les prix des produits pétroliers, a expliqué que le pays est confronté à une problématique où l’État est obligé de rembourser aux compagnies pétrolières 2 milliards de gourdes. Alors que ces taxes auraient pu être allouées à l’investissement. « Si la tendance est maintenue on peut arriver à 20, 30 milliards de gourdes de remboursement », a fait valoir Ronald Décembre. Il devient dès lors impératif de stopper cette situation déficitaire à laquelle fait face le pays. « Il ne suffit pas de dire qu’il y a un déficit, il faut en chercher la cause. Si le déficit est occasionné par des projets durables, on peut le consentir parce qu’à la longue l’effet sera nul. Dans le cas contraire, il faut le combattre ». Haïti ne peut pas rester dans ce processus de remboursement. Pour cela, les prix des produits pétroliers doivent être revus à la hausse, a poursuivi le ministre.

Dans ce nouveau projet de budget revu par le gouvernement, le ministre Décembre a indiqué que la priorité a été donnée à l’apaisement social, ce qui explique le caractère social attribué à cette nouvelle loi de Finances. Ajustement salarial, coupes budgétaires consenties par toutes les institutions étatiques, diminution des dépenses de biens et services, aucune nouvelle taxe sont entre autres les grandes caractéristiques prises en compte dans ce document. Pour Ronald Décembre, il répond au caractère réaliste qu’avait prôné le secteur privé des affaires après les émeutes du mois de juillet dernier.
Par ailleurs, le ministre a fait remarquer que l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) tient toujours. Ce fameux accord, qui a failli conduire le pays au chaos en juillet dernier, sera revu aussitôt que les autorités rendront effective la hausse des prix des produits pétroliers, précise le ministre.

Auteur : Martine Issac