Par Carlens NAPOLEON
Le Philanthrope
Temps de lecture : 1 minute 35 Sec.
Sans vouloir être un prophète de malheur, je persuade que nous ne sommes pas loin d’un éclatement social en Haïti. La question farouche relative à l’augmentation du prix du carburant en sera l’une des causes fondamentales. Avant n’importe quel éventuel ajustement du prix de l’essence, je suggère à l’Etat haïtien de juguler d’abord son train de vie et ensuite stopper la dilapidation gargantuesque des fonds publics au service de cette politique stérile et nombriliste. Et au terme de l’application de ces mesures, il se peut bien que nous rétractions la décision d’augmenter dans les heures qui viennent le prix de l’essence à la pompe. C’est un conseil primordial et décisif pour la conservation de l’honneur et de ce climat serein.
En Haïti, le peuple n’a guère d’esprit et les grands n’ont point d’âme pour parodier Jean de la Bruyère. Ce qui résulte que notre situation sociale est devenue un cancer en phase terminale ou une bombe à retardement. Les dirigeants n’arrivent pas à développer une culture de prévention pour anticiper la défaite de notre société. Au fait, ce que nous avons connu la semaine dernière, n’était qu’un ballon d’essai de la part de la population à notre égard. Avec cette question intransigeante et cette volonté à outrance pour anéantir encore le bien-être de la population, un jour, personne ne sera à la hauteur pour calmer l’effervescence populaire. Les mesures exécutoires que comptent prendre les autorités aux mépris de l’évidence socioéconomique des habitants pour rehausser le prix de l’essence, risquent de perpétuer cette crise.
Au regard de la réalité, on peut dire que les autorités actuelles sont suicidaires. 117 millions de gourdes ont été débloqués, de la part du gouvernement, pour pacifier le pays la semaine dernière, si l’on croit le sénateur Dumont. Plusieurs autres millions ont été injectés au parlement pour rassurer le premier ministre Jacques Guy Lafontant de son siège éjectable et irréversible. Au cours de cette année, une bagatelle de millions se donne en subvention à ce parlement budgétivore. Avant cette semaine troublante du mois de Juillet, le gouvernement et le parlement, à eux seuls, avaient acheté plus de 3 milles téléviseurs, soit pour un montant de 14 millions de dollar US selon certains journaux, pour distribuer à des fins politiciennes que utiles dans les coins et recoins du pays. Le président de la république, de sa part, distribuait partout des cadeaux notamment des voitures sans des raisons valables et justifiables. Mais aujourd’hui, on a ces mêmes autorités qui exercent leurs verves oratoirement endiablées dans les medias en soutenant que l’Etat haïtien n’aura pas assez de moyen pour continuer à subventionner les produits pétroliers.
Même quand elles arrivent à supprimer cette subvention, leur rationalité dépensière nous montre déjà que l’argent épargné ne va pas servir pour améliorer le sort de la population concrètement. Elles ne vont que continuer à financer avec cette épargne-carburant les pratiques que nous venons de citer au-dessus. C’est un Etat qui s’entend à mener son peuple à la paupérisation la plus abjecte. D’ailleurs, la foultitude des millions venant du trésor public sont dépensées par ses représentants en toute opacité.
Je soutiens que, pour le développement du pays, les moyens et ressources économiques ne doivent pas être considérés comme étant des éléments basiques qui nous manquent. Le petro caribe en est bien la preuve. Nos problèmes laissent ce cadre, ils s’étendent beaucoup plus loin que cela. Au delà de leurs caractères jouissifs, nous avons ici des personnalités politiques en panne de vision, de stratégie et d’objectif. A cause de cette carence, elles deviennent suicidaires, malséantes, corrompues et des ravisseurs. Et parallèlement, nous avons un peuple démissionnaire qui attend, soit le secours d’un quelconque Dieu, la barrière libre donnée par un autre pays ou l’aide d’une nation étrangère pour procéder à leur délivrance.
Enfin, la bourrasque d’amertume que nous avons repoussée autrefois, risque d’être frappée encore à nos portes. Elle ne viendra pas certainement avec la même vitesse qu’avant, mais elle nous rappliquera progressivement. A cet effet, que comptons-nous faire ? Compte tenu de tous les dispositifs oppressifs entrepris pour l’arrivée de cette tempête naturelle provoquée par ces misanthropes, sommes-nous prêts à l’absorber ? Ceux qui vont l’engendrer, seront-ils en mesure d’assumer les conséquences de leurs inconséquences? Enfin, que ceux qui veulent comprendre, comprennent. Que ceux qui veulent agir, agissent, car le temps nous est évidemment proche que jamais.
Paru le 13 juillet 2018
Tous droits reservés.