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28 mars 2024

Haïti: Demande d’une jeunesse qui trépasse sous les yeux des autorités administratives

Me. Amendo ALEXIS

Haïti: Demande d'une jeunesse qui trépasse sous les yeux des autorités administratives

Par: Me. Amendo ALEXIS

À l’occasion de la journée mondiale de la jeunesse, il m’est venu l’idée d’écrire quelque chose important et intéressant pour les jeunes de mon pays. Mais quoi écrire pour une jeunesse frappée par tout le désarroi et le désespoir que lui apporte le pouvoir politique. Une jeunesse désorientée, découragée, désespérée et humiliée par la malhonnêteté, l’incompétence de ses dirigeants et la complicité des autres.

En cette journée si spéciale, la jeunesse haïtienne se demande si réellement la gouvernance de ce pays tient compte de l’existence des jeunes voire de leurs besoins socio-économiques et culturels. Assurément, sans crainte et tremblement nous entendrons ce 12 août de beaux discours sur la jeunesse, alors que les problèmes restent entiers années après années.

Ainsi donc, la jeunesse profite de cette journée baptisée « journée mondiale de la jeunesse » pour placer certaines interrogations notamment :

Demandez au Ministre actuel occupant le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC) combien de jeunes qui vivent dans le pays ? Puisqu’il est, dit-on, le ministre de la jeunesse, il devrait au moins savoir cela. Les jeunes représentent l’espoir d’une Nation. La jeunesse c’est la vigueur, le talent et la nouveauté. Tant vaut la jeunesse tant vaut l’avenir d’une société. Ils sont au total combien Monsieur le ministre de la jeunesse ? Le sport c’est pratiquement l’affaire des jeunes, combien de jeunes qui s’adonnent à une activité sportive ? je ne parle pas de jeunes qui sont des admirateurs ou admiratrices de CR7 ou de l’autre, mais de jeunes qui pratiquent au moins un sport ? Car, étant ministre de sport, vous devriez avoir à votre agenda une politique publique y relative. Combien de jeunes qui comprennent réellement le sens civique et du patriotisme, pour ne plus avoir à voter pour la modique somme de mille gourdes qui ne vaut même pas 10 dollars en 2020. Si vous ne pouvez même pas savoir ces détails de taille pourquoi alors être ministre avec un budget dépensier.

Maintenant, demandez au locataire du Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC) combien de jeunes qui se sont donc obligés de quitter le pays ces dernières années pour aller se réfugier ailleurs cherchant un mieux-être. Combien de  cerveaux  bien faits qui pourraient nous être utiles ici, mais qui malheureusement subissent actuellement l’outrage et l’opprobre à l’étranger.  Ils sont combien, monsieur le Ministre ?

Demandez au Titulaire du Ministère de la Santé Publique et de la Population, combien de jeune formant la population actuelle d’Haïti. Rappelez-nous la dernière fois que vous aviez eu une politique publique pour nous, les jeunes. Le constat nous dit que vous vous êtes surtout adonné à la santé publique. Quelle santé publique ? Une santé publique abracadabrante. Quelle politique de santé publique aviez-vous ces trois ou quatre dernières années ?

Prenons l’exemple de la problématique de stérilité qui frappe nos jeunes notamment les jeunes garçons ces temps-ci. Savez-vous, Madame le Ministre, combien de jeunes couples qui aimeraient en connaitre les causes, les symptômes, les précautions et les remèdes y afférent. Quelle politique publique, sinon études, analyses, diagnostiques et commentaires avez-vous déjà effectué sur cette grande crise de santé publique qui bouleverse la société ? Ils sont combien, Honorable ministre, à être touchés par cette question de stérilité ?

Aussi, demandez à monsieur le Ministre de la Communication et de la Culture (MCC), Combien de jeunes talents artistiques que comporte le pays ? Ils sont combien, ceux qui chantent, écrivent, dansent, composent, peignent, produisent et nous amusent avec leur muse ? Au contraire, on les abuse et les détruit cruellement comme Sébastien et Nancy. Monsieur le ministre, si seulement il y avait un regard bienveillant sur nombreux des talents exceptionnels que possède ce pays, nous serions très riche en patrimoine culturel et nous ferions entrer de devises étrangères à travers le tourisme (ce qui compensera la gourde face au dollar). Avez-vous surveillé et travaillé à promouvoir des ambiances culturelles para scolaires aux fins d’encourager des activités de l’esprit, comme le génie interscolaire et tendant du même coup à décourager les activités de déhanchement du corps. Combien de jeunes talentueux qu’il y a à ENARTS ?

Demandez en ce jour consacré à la jeunesse au gérant du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), combien de jeunes a-t-on déjà donné un métier ces jours-ci pour affronter la vie ? Dites-nous exactement, si vous en êtes capable, combien de jeunes inscrits que vous avez dans combien de centres de formation professionnelle privés ou publics ? Qui ne donne pas un métier à son fils lui donne le métier de voleur, nous dit l’Essayiste et Philosophe français Emile Chartier. Est-ce cela que vous avez fait et que vous êtes en train de faire ? La prolifération de gens armés avec de lourds matériels automatiques en témoignent. Monsieur le ministre, permettez-moi de vous demander : où sont passés les lauréats de vos examens de BACCA-LAURÉAT, semble-t-il que vous les avez transformés en préfixe du nom de votre épreuve officielle de chaque année. La jeunesse estudiantine ne fait l’objet d’aucune préoccupation et politique publiques d’éducation. Ils sont combien ayant réussi à décrocher une licence après le bacc. Ils sont combien en route vers l’Europe ou l’Amérique pour une maîtrise ou doctorat et qui ne se sont jamais retournés au pays pour faire fructifier l’économie et redonner l’espoir aux générations futures. À quoi bon d’être ministre d’éducation, si je ne peux même pas savoir que sont devenus ces milliers de jeunes après leur bacc.

Enfin, demandez au Responsable de l’OMRH, combien de jeunes filles ou garçons dotés de compétences sûres dont l’accès a été refusé au sein de l’Administration Publique ? Alors que la jeunesse, dit-on, c’est l’innovation que cette Administration publique géronte et archaïque a tant besoin. Les jeunes demandent à travailler avec de gens de tous âges pour pouvoir acquérir de l’expérience mais surtout pour faire bouger les choses pourtant vous les gardez à l’écart malgré qu’ils ont réussi les prétextes concours que vous avez organisés. OMRH, savez-vous combien de jeunes qui devraient être promus après avoir maintes fois prouvé leurs compétences mais qui plutôt sont remerciés sans motifs aucun, sinon parce qu’ils refusent de se prostituer ou de cautionner des actes de corruption ?

Monsieur le Coordonnateur, qu’il me soit permis de vous demander, où sont passés les 50 Administrateurs d’État qui, sur la base de rudes épreuves et des nuits sans sommeil, avaient intégré l’école nationale des politiques publiques (ENAPP) pour qu’après ils puissent apporter du sang neuf dans l’Administration. Savez-vous combien du nombre du personnel Enseignant, infirmière, Agents de la PNH et autres qui sont frustrés du maigre traitement reçu par rapport à la décote de la gourde ou qui sont sous utilisés par rapport à leur niveau de compétences ou qui sont harcelés à longueur de journée au sein de nos institutions publiques déconcentrées ou autonomes?

En somme, la liste des interrogations serait trop nombreuse et le banc des accusés trop long si la jeunesse haïtienne tenait réellement à demander des comptes objectifs de ce qu’on fait avec les frais, salaires, traitements et émoluments dépensés pour ces ministres. Ces interrogations sont le cri d’une jeunesse en désolation face à un système qui ne fonctionne pas. À rappeler que l’Administration publique est un Système, c’est-à-dire il faut que tous les acteurs concertent leur action pour pouvoir donner de résultats concrets.  Chaque ministère est un maillon dans une chaine. C’est ce qu’on appelle approche systémique de l’Administration publique. L’approche systémique est une thématique développée dans mon ouvrage de droit administratif intitulé : ESSENTIEL DU DROIT ADMINISTRATIF HAÏTIEN. Ils doivent nécessairement travailler ensemble et créer une synergie pour arriver à satisfaire l’intérêt public.
Dans la foulée, comme tout jeune, la jeunesse haïtienne soupire et aspire encore au bonheur. C’est pourquoi, elle profite de cette journée mondiale pour interpeller la conscience des Décideurs et formuler des demandes judicieuses, car elle croit qu’il y a encore dans le Pays d’autres Anténor Firmin, oui le pays pourra bourgeonner d’autres compétences à l’instar de Etzer Emile, Louis Joseph Janvier, Edmond Paul, Lesly F. Manigat, René Depestre, Lyonel Trouillot, Garry Victor, Georges Anglade, Ertha Pascale et j’en passe si seulement  nous voulons donner la chance et l’opportunité aux jeunes.

Pour tout cela, nous demandons l’intégration de la jeunesse dans toutes les sphères de la vie publique.
Nous demandons un nouveau système économique qui brise l’oligarchie et favorise l’accès au crédit pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat. Où ce sera l’égalité pour tous et la concurrence loyale.
Nous demandons un nouveau système juridique et judiciaire où réellement la loi est une pour  tous et nous aurons le même traitement égal devant la loi, les tribunaux et les juges.

Nous demandons une nouvelle constitution qui tiendra compte des réformes en profondeur au profit de la jeunesse, une constitution qui favorise l’émergence des jeunes talents à la tête du pouvoir politique et aussi à la gouvernance des partis politiques pour finir avec le paternaliste viager qui existe à l’intérieur de ceux-ci.
Nous demandons la bonne gouvernance administrative calquée de transparence et d’efficacité surtout dans les dépenses des deniers. Cette bonne gouvernance permettra à la jeunesse de reprendre confiance en elle-même et de rester travailler dans son pays plutôt qu’ailleurs.
Nous demandons des modèles d’intégrité, des gens qui n’aspirent plus au gain sordide et qui rejettent la corruption. Non à la corruption, car elle détruit le rêve du jeune génie haïtien. 
Enfin, les jeunes demandent à prendre part à la bonne gouvernance, ils veulent apporter leur créativité, leur talent, leur aptitude, leur vécu, leur amour, leur capacité, leur force ainsi que des techniques nouvelles dans la reconstruction de ce pays dans le but de contribuer au développement de la nation.
Donnons aux jeunes haïtiens les ressources, le soutien et la chance dont ils ont besoin pour participer au développement durable de notre chère Haïti. 

Me. Amendo ALEXIS,
Juriste et Professeur d’Université
Diplômé en Magistrature à Bordeaux en France
Diplômé en Administration financière
Email : [email protected]
Tel. (509)37690491